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La Fabrique à histoiresde Bernard Friot

La banane

7 mai 2019
Océane S 13 ans

Un jour, ma banane m’a dit: non , ne me mange pas !
J’avais pris une banane à la cantine pour la manger sur le chemin du retour .
Je me suis donc arrêté, j’ai ouvert mon sac et en est tiré la banane. J’allais la déshabiller mais elle m’a crié :
⁃ non s’il te plaît, ne me mange pas !
⁃ Pourquoi tu ne veux pas que je te mange ?
⁃ Depuis que j’ai poussé sur la branche de ma mère , je rêve de voyager comme je veux mais je n’ai pas de jambes . Donc je veux aller à la mer pour voyager au gré des vagues. Alors je lui ai dit :
⁃ Où est ta mère ? Et tes frères et sœurs ?
⁃ Ils sont encore dans mon pays . Ma mère ne se mange pas et mes frères et sœurs n’étaient pas assez mûrs pour être mangés.
⁃ D’où viens-tu ?
⁃ De Madagascar.
⁃ C’était bien là bas ?
⁃ Oui, mais ma famille me manque…
J’ai eu pitié d’elle alors je lui ai dit :
-c’est d’accord , demain je t’emmène à la mer .
⁃ Oh merci Enzo ! Je savais que je pouvais compter sur toi !
On est rentrés en parlant de voyage. Je l’ai laissée dans ma chambre et juste avant de me coucher j’ai pris le matelas de poupons de ma soeur et je l’ai mise dessus . On s’est endormis. Elle sifflait comme le vent dans un régime de banane. Le lendemain, on s’est levés tout excités et je lui ai demandé :
⁃ Tu veux manger quoi ?
⁃ Je mange des minéraux de la terre .
⁃ Où est ce qu’on en trouve ?
⁃ Ben dans la terre .
Alors je l’ai mise dans le pot de l’orchidée morte de ma mère pour qu’elle se fasse une ventrée de terreau (elle ne risque pas de ne pas avoir assez de minéraux)
⁃ merci , m’a dit la banane quand elle eut fini, j’avais faim .
Pour aller à l’école, il faut passer par le bord de la plage. Alors j’ai dit au revoir à la banane et je l’ai posée délicatement sur son radeau. J’étais triste . C’est vrai quoi, je l’ai nourrie et logée, c’est comme ma fille ! Je l’ai regardée s’éloigner . Elle avait l’air heureuse. Depuis , tous les jours en allant à l’école , je regarde la mer, triste , en espérant qu’elle revienne . Tous les jours , je crois la voir arriver sur son radeau, mais ce n’est que mon imagination qui me joue des tours. Un matin pourtant, sur le chemin de l’école, j’ai aperçu au loin une forme qui lui ressemblait. Je savais que c’était elle . Alors j’ai couru jusqu’à la rive,en criant de toutes mes forces. Mais quand elle est arrivée, je me suis aperçu qu’elle était toute noire et inconsciente.
J’ai essayé de la réveiller mais c’était trop tard : elle était morte. Je l’ai ramenée chez moi et je l’ai enterrée au pied de l’orchidée.