Trois questions à Tristan Mory

Un auteur-illustrateur qui n’a pas perdu son âme d’enfant !

Pourquoi avoir choisi de vous adresser aux tout-petits, aux non-lecteurs ?

J’aime aller à l’essentiel, rechercher la simplicité. Certains pensent que simple rime avec facile, mais, faire simple, c’est souvent compliqué. J’ai travaillé des années comme graphiste pour la presse jeunesse. Ça m’a permis de comprendre que j’avais une certaine complicité avec la petite enfance. Les tout-petits sont super-créatifs, ils ne se censurent pas. Pour eux, logique et absurde ne sont pas si antinomiques, ils n’ont pas d’idées prêtes à penser qui les empêchent d’imaginer. J’adore leur bon sens. Bref, ce sont des enfants, et ça m’épate toujours !

Depuis le succès de Qui suis-je ?, vous êtes dans l’espièglerie, le décalage humoristique. Êtes-vous tenté par des formes plus narratives ?

Oui ! J’y réfléchis pas mal en ce moment, mais c’est un exercice avec lequel je ne suis pas encore à l’aise. La narration me permettrait d’exprimer des émotions plus complexes. J’aimerais réussir à raconter aux enfants des histoires à la fois tristes et drôles, tendres et effrayantes.

Vous interrogez le livre en tant qu’objet, le livre animé. La fabrication est-elle pensée en même temps que la création ?

Oui. J’adore imaginer le contenu et le contenant en même temps, car il faut réussir à associer des idées et des solutions techniques. Enfant, je n’aimais pas lire, c’était difficile et fatigant pour moi. Pourtant j’adorais les livres, même si le plus souvent je restais à contempler la couverture. Alors peut-être est-ce pour ça que je suis très attaché à ce que l’objet participe au sens, à ce que l’objet livre ne soit pas juste un récipient. Pour les tout-petits, j’aime imaginer le livre comme un doudou qui incite à jouer. Un objet capable de se transformer pour surprendre et faire rire.