« Copain du journalisme » : 3 questions à Denis Peiron

Que se cache-t-il derrière un article, un reportage ou une interview ? À l’approche de la 35e Semaine de la presse et des médias à l’École, du 18 au 23 mars 2024, les éditions Milan publient Copain du journalisme, LE guide à lire pour tout comprendre à l’information, au journalisme, aux médias et à l’actualité. Son auteur, Denis Peiron, lui-même journaliste, a accepté de se prêter au jeu de l’intervieweur interviewé.

Denis Peiron a longtemps été à la tête de la rubrique « Éducation & Enseignement supérieur » du quotidien La Croix. Il est aussi auteur d’albums jeunesse et de recueils de poésie, et le cofondateur du Square des artistes, lieu éducatif et culturel qui place les arts et les langues à la portée de l’enfant.

En quelques lignes, et d’après votre expérience du métier, comment définiriez-vous le journalisme, le journaliste ?

Le journalisme est un métier passion, synonyme de rencontres, parfois de voyages. Quand bien même la qualité d’un reportage n’est pas une affaire de distance géographique mais de regard, de créativité, d’humanité, d’intelligence des situations, de compréhension de l’actualité, et bien sûr d’écriture ! 

Le journaliste est un témoin, un passeur. Professionnel, il vérifie, avec la distance critique qui s’impose, les informations qu’il livre à son public. Des informations qu’il doit mettre à la portée des lecteurs, des auditeurs, des téléspectateurs, des internautes, sans gommer totalement la complexité des faits. Il a donc un rôle clé à jouer dans le débat démocratique, surtout dans une période où prolifèrent les fake news et autres théories du complot. L’exercice du métier au sein d’une rédaction, un collectif qui débat et réfléchit sans cesse au traitement de l’actualité, doit contribuer à la qualité et à la fiabilité de ses informations.

Dans les premières pages du livres, vous remerciez votre père, Jo Peiron, de vous avoir transmis sa passion pour le journalisme : racontez-nous cette transmission, cet héritage, cette passion.

J’ai effectivement eu la chance d’avoir un père journaliste, Jo Peiron. Tout petit, le mercredi, je passais du temps avec lui, dans son bureau, au contact de ses collègues, à La Marseillaise, un quotidien régional. La transmission s’est faite tout naturellement. Car je le voyais épanoui dans ce métier d’engagement qui lui offrait une grande ouverture sur le monde, alors qu’étant devenu résistant à l’âge de 16 ans, il n’avait pas pu suivre d’études. 

Très tôt, à 12 ans, j’ai su que je voulais à mon tour devenir journaliste : c’est le moment où j’ai commencé à écrire et publier dans ce même journal mes premiers articles, des comptes rendus de matchs de foot amateur. La suite, c’est notamment une école de journalisme, une expérience de correspondant pour divers journaux et radios en Pologne, puis à Marseille, et plusieurs postes à La Croix, où je m’occupe aujourd’hui de Mobilité & transition écologique, après m’être penché pendant quinze ans sur l’éducation et l’enseignement supérieur.

Ce livre apparaît ainsi comme la suite logique de cette histoire de transmission, étroitement lié à cette passion pour le journalisme et votre spécialisation dans l’éducation et l’enseignement supérieur. Est-ce le cas ? Pourquoi et comment l’avez-vous imaginé ? 

J’ai toujours été animé par la volonté de transmettre, une volonté que les journalistes partagent avec les enseignants. J’ai notamment toujours voulu donner aux jeunes gens les clés et le goût de l’info. Cela m’a amené à enseigner dans des écoles de journalisme, notamment celle de Lille, dont je suis diplômé, à former des centaines de volontaires du service civique à la compréhension des médias, à intervenir dans des écoles ou collèges pour présenter mon métier, à proposer aux enfants des ateliers de journalisme dans le cadre d’un lieu culturel que j’ai cofondé à Paris avec ma femme Joanna Peiron, le Square des artistes

Après avoir publié deux autres albums jeunesse à la confluence de la poésie et de la philosophie (Framboise ou citron, avec Hélène Druvert, éd. Saltimbanque, et Nos mains, avec Joanna Peiron, éd. Square des artistes), j’ai eu envie de rédiger un ouvrage pour aider les enfants et ados à mieux comprendre le rôle des journalistes, l’histoire de leur métier, les différentes façons dont ils l’exercent, avec de nombreux témoignages. Un ouvrage qui aide aussi à déjouer les pièges des fake news et invite le jeune lecteur à se glisser dans la peau d’un journaliste

Car, comme tous les autres livres de « l’historique » collection « Copain » des éditions Milan, cet album documentaire richement illustré regorge d’infos et propose aussi plusieurs dizaines d’activités (se filmer en train de présenter les titres du JT, inventer le nom et dessiner le logo d’un nouveau magazine, rédiger une critique d’expo, effectuer un sondage auprès de ses copains, etc.) qui le rendent, je l’espère, concret et ludique. Ce livre peut être lu seul, en famille ou en classe. Il présente d’ailleurs tout un volet consacré à la presse scolaire. Car rien de tel pour le comprendre que de pratiquer le journalisme.

Copain du journalisme

Auteur : Denis Peiron · Illustrateurs : Benjamin Flow & Eva Roussel

À partir de 7 ans

Parution : 06/03/2024