Son travail est depuis toujours ancré dans l’image documentaire et le portrait. Ses séries de clichés – engagées voire militantes – établissent une véritable proximité émotionnelle avec ses sujets et font d’elle une artiste sans concession. De son parcours découle une nouvelle collection d’imagiers, pour mettre des mots sur le quotidien des très jeunes enfants.
« Ma journée », ce sont des livres de photos magnifiques et vivantes, au service d’une thématique bien ciblée. 24 pages pour suivre un enfant dans sa vie quotidienne, avec un texte descriptif qui vient en renfort de ce que montre la photographie. Chaque mot-clé de la page est mis en gras et en couleur pour bien l’identifier.
Cette collection se veut connectée aux besoins des parents dans l’apprentissage du langage de leur enfant.
Quel a été votre parcours de photographe avant la parution de la collection « Ma journée »
Je suis née à Iasi, en Roumanie, et j’ai vécu à Bucarest jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Je suis le fruit d’une double culture : mon père est roumain et ma mère, française. À partir de la Révolution, en décembre 1989, de nombreuses expositions ont pu avoir lieu. C’est à cette époque que j’ai découvert une expo de photos de reportage organisée par World Press, j’avais treize ans. J’ai alors réalisé qu’on pouvait raconter des histoires à partir d’une image, ce qui tombait bien, car je n’étais pas très à l’aise avec les mots.
Je me suis alors inscrite à des cours du soir de photographie, plutôt théoriques, que je mettais en pratique les dimanches avec le matériel des autres. Puis, à quinze ans et demi, j’ai eu mon premier appareil : un Canon T60. Mes parents m’ont toujours soutenue, ils ont aménagé un labo photo à la maison.
À dix-huit ans, je suis arrivée seule en France, ma famille est restée à Bucarest. J’ai fait trois années d’études de mathématiques afin de pouvoir passer le concours de l’ENS Louis-Lumière, mais j’ai été recalée. Je suis donc une autodidacte. Depuis le début, je veux faire de la photo « sociale » et du noir et blanc. Mon sujet de prédilection ? Les gens. Parce que je les aime !
Parlez-nous de votre approche pour « Ma journée » et de l’organisation de vos prises de vues.
Mon dispositif de reportages « 24 heures » a retenu l’attention des éditions Milan, qui avaient le projet d’une nouvelle collection d’imagiers suivant des enfants dans la découverte de leur environnement. L’idée était de montrer le quotidien d’un enfant différent pour chaque livre. J’ai choisi les thématiques des quatre premiers titres de « Ma journée » – Le matin, Cueillette à la ferme, Après l’école, À la plage – en concertation avec les parents. Il était important que je prenne le temps de m’immerger dans l’intimité de chaque famille, pour que l’enfant et moi-même puissions nous apprivoiser avant la réalisation des photos. On n’organisait rien, on ne demandait rien à l’enfant. Ce n’était pas un travail pour lui ou elle, il fallait que ça soit ludique. Je restais le temps qu’il fallait. Quand l’enfant ne voulait plus être photographié, on arrêtait.
L’exercice est passionnant mais peut être fatiguant : il faut s’accroupir pour être à hauteur d’un enfant de 2 ou 3 ans, rester patiente et enjouée !
Géraldine Aresteanu en immersion chez Dolovan, le petit garçon de Cueillette à la ferme.
Photo prise par Éric, le grand-père agriculteur de Dolovan, qui a participé à d’autres projets de la photographe : 1jour1nuit1agri et Étranger.
Selon vous, qu’est-ce qui fait qu’une photo est réussie ?
Pour moi, il y a deux choses importantes. D’abord, il faut que le moment de la prise de vue soit agréable, pour moi comme pour la personne photographiée. Et surtout une photo est réussie quand la personne qui la regarde est touchée par une émotion, des sentiments. Quand cette photo permet à celui qui la regarde de se raconter une histoire, d’imaginer l’avant et l’après de l’instant capturé.
Pages choisies de la collection « Ma journée »
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